Les avez-vous entendues ? Ou vues passer ?
La grue cendrée est un oiseau de 100 à 120 cm, pour une envergure de 180 à 240 cm et un poids de 4 à 6 kg. Comme son nom l’indique, elle est principalement grise avec une bande blanche verticale le long du cou, tandis qu’une touffe de plumes noires garnit sa queue. Elle porte sur le crâne une portion de peau nue rouge, peu visible dans la nature.
Après la période de reproduction en Europe du Nord, les grues cendrées se regroupent en nombre parfois imposant pour partir en migration et hiverner dans des zones plus accueillantes. On reconnait cet oiseau en vol par le cri qu’elles poussent. Ce « grou, grou » s’entend à des kilomètres à la ronde. Ce manque de discrétion et le fait que cet oiseau annonce la fin de l’été ou le retour du printemps font que de tout temps, l’homme a été fasciné par cet oiseau et a cherché à percer les secrets de cette migration de masse.
Ainsi, des milliers de grues se donnent alors rendez-vous sur différents sites scandinaves comme les lacs d’Hornborga ou Kvismaren en Suède, puis allemands comme l’île de Rügen ou le site du Diepholzer, pour prendre leur envol vers l’Europe du Sud (France, Espagne) et des contrées plus clémentes pour passer l’hiver.
La migration débute en général autour de la mi-octobre. Différentes vagues de migrations plus ou moins importantes vont se succéder jusqu’à la fin novembre. La grue migre aussi bien de jour que de nuit. Les départs en migration ont souvent lieu dans la matinée.
La France est un important pays d’accueil non seulement pour les migratrices en halte mais aussi pour les hivernantes. Les principaux sites fréquentés par les grues sont la Lorraine (Meuse, Meurthe-et-Moselle, Moselle) et la Champagne humide (Lac du Der et étangs périphériques, Lacs de la Forêt d’Orient) pour le nord-est de la France, le grand centre de la France (Cher, Nièvre, Indre, Allier), la Gironde (Captieux) et les Landes (Arjuzanx) pour le sud-ouest. Ces sites se situent directement sur l’axe principale de migration. Des sites en dehors de cet axe sont aussi fréquentés comme la Baie de l’Aiguillon ou la réserve de Saint-Denis-du-Payré en Vendée, le Lac de Puydarrieux dans les Hautes-Pyrénées ou bien la Camargue gardoise. D’autres voies migratoires passant de la Finlande à la Tunisie existent.
En France désormais, plus de 100 000 grues sont notées à la mi-janvier. L’Espagne reste le principal site d’hivernage des grues transitant par la France avec environ 200 000 individus. Quelques milliers se rendent en Afrique du Nord pour passer l’hiver.
Une fois l’hiver passé, la manœuvre inverse est mise en place. Il est temps pour les grues de retourner vers le nord et les zones de nidification. Les grues qui ont passé l’hiver en Champagne quittent les sites progressivement, le plus souvent dès la fin janvier. Les grues en provenance d’Aquitaine migrent autour du 25 février. Puis c’est au tour des grues d’Espagne dont le pic de migration se situe le plus souvent autour du 1er mars. La migration est rapide sauf si les conditions de vol se dégradent (fort vent de nord-est, pluie...). Les adultes n’ont en effet qu’une idée en tête, rejoindre les sites de reproduction le plus rapidement possible, pour prendre les meilleures places et commencer à nicher tôt.
En effet, dès la fin de l’été, les jeunes doivent pouvoir suivre les adultes pour leur premier voyage. Lors de la migration de printemps, les adultes sèment leurs jeunes qu’ils ont eu l’année d’avant et avec lesquels ils ont voyagé durant l’automne.
Arrivées en Suède, les grues se rassemblent notamment sur le site d’Hornborga, puis les couples se répartissent sur de vastes zones afin de commencer la nidification, but ultime de leur long voyage qui aura duré plus de 6 mois.
Dorénavant, si vous entendez un bruit étrange dans le ciel au cours de ces deux périodes, levez les yeux et ne soyez pas surpris, un vol migratoire de grues passe…