JEAN BAFFIER – 1851-1920

Né le 18 novembre 1851 au bourg de l’Ajotte, près de Neuvy-le-Barrois (Cher), le sculpteur Jean Baffier a été l’une des figures les plus originales, l’un des plus puissants artistes de notre époque.

Fils d’un ouvrier vigneron, autodidacte, sculpteur, il taille la pierre, le marbre, le chêne, le poirier. Il fond le bronze, l’étain et le cuivre ; glorifiant les travaux des champs et les gestes des paysans. Géant aux yeux noirs, regard mouillé, longs cheveux débordant d’un feutre berriaud, barbe majestueuse.

Il sera le « tailleur d’images » de notre province ; le « Mistral du Berry ».

La succession de ses œuvres régionalistes nous offrira : Moissonneur berrichon buvant à la régalade – Pommier du Berry – P’tit Jean le Grefffeur – Compagnon de Nevers, Grand Maître Sonneur de musette nivernais – Tiennet de la Bazolle, Maître Sonneur de vielle berrichon – Le Père et la Mère Baffier – La Mariette – l’Angèle – Louise – La Jeannette tricotant – Le Gars Bernard – L’homme du pays – Le jardinier – Louis XI, square de l’hôtel des postes à Bourges – Monument de la guerre de 1870 – 1871, place Sérancourt.

Il entreprend de rénover l’art décoratif, l’architecture et le mobilier de sa province, par un retour à la terre, à la flore, à la faune, aux travaux des paysans. Et il produit son admirable Cheminée Monumentale et son Surtout de Table.

Baffier a ouvert une voie. Il est le premier artiste qui ait pris nettement le parti de retourner à sa terre pour traduire dans son œuvre les sentiments qu’elle inspire. J.G. Lemoine écrira dans Le Larousse Mensuel Illustré : « A ce point de vue, son œuvre berrichonne dépasse de beaucoup le Berry.

Dans ses écrits il préconise le culte de tous les souvenirs locaux. En 1886, il fondera Le Réveil de la Gaule, recueil périodique des traditions nationales, paysannes, provinciales, communales, corporatives et familiales. Il organisera avec Hugues Lapaire et Charles Brun des fêtes et des journées régionalistes.
Il part en chasse contre les curés qui prêchent contre les cornemuses et les vielles « ces instruments du diable ».

A Saint-Amand, « Le Gaulois » pose sa candidature aux élections législatives de deuxième circonscription et se lance dans une campagne musclée, n’hésitant pas à affronter sur leur propre terrain les bûcherons du « Boussiau de noix » familiers des grèves dures.

A Paris, il se vante avec ostentation d’être berrichon, dans les salons, dans les « veillées d’art » devant les assemblées de jeunes gens, de poètes, d’écrivains, d’ouvriers d’art.

Il met à son actif, plus de cent cinquante manifestations esthétiques de la rue, de la place publique, dans les villes, dans les bourgs ainsi que dans les maisons familières, dans les édifices publics, dans les chemins de campagne, dans les champs, dans les prés, dans les bois, pour les bouchures à têtaux, les fontaines, les étangs, les rivières, les ruisseaux.

En 1888, il fonde avec les Frères Achard, la Société des Gâs du Berry et autres lieux du centre. Dans la foule des admirateurs, un berrichon des traines, Edmond Augras signera les status le 21 septembre 1888 qui seront enregistrés le 27 mars 1889. Il faut savoir que la Société des Gâs du Berry, ne veut pas dire garçons du Berry mais veut exprimer en eux les fils des Bituriges, les descendants des Gaels, maîtres de la plus grande partie de la Gaule avant la conquête romaine.

Citation de Jean Baffier :
« Nous, gâs du Centre, nous pensons qu’un peuple qui méprise ses traditions est comme un rentier qui mange son capital ».

G. CLÉMENT
Union Berrichonne du Loiret