L’armoire normande
Article mis en ligne le 20 juillet 2020
dernière modification le 16 mai 2023

par Yannick
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La beauté de l’armoire normande est telle que sa renommée a franchi les océans pour conquérir les Américains, friands de mobilier ancien et qui emmènent chez eux ces meubles chargés d’histoire. Ainsi s’en va une partie de notre patrimoine...

L’armoire était autrefois, dans toute la Normandie, un symbole : celui du mariage, associé à l’aisance plus ou moins grande de la famille de l’épousée. Dès le XVIIIe siècle, elle remplace définitivement le coffre. Autrefois apanage des riches propriétaires terriens, des bourgeois aisés, l’armoire normande se popularise au XIXe siècle.

En milieu rural, le cérémonial commençait dès la naissance d’une fille : les parents choisissaient le plus bel arbre bordant les « fossés » (talus) de leur propriété, généralement un chêne, plus rarement un merisier ou dans les familles modestes, un sapin. L’arbre devait être abattu entre Noël et le Nouvel An, à « sève au repos », ou, plus tard, « à sève montante » en pleine lune. Car le bois coupé de cette façon ne se fend pas et résiste mieux aux vers.

Lors de la communion solennelle de l’enfant, les planches étaient refendues à la hache dans le sens du fil, puis séchées pendant plusieurs années. Au moment des fiançailles, les parents demandaient au menuisier de venir découper les planches et assembler la carcasse de l’armoire : c’est le père qui fixait les proportions du meuble. Puis, dès que la date du mariage était décidée, les parents confiaient au menuisier ou à un ébéniste le soin de sculpter les motifs qu’ils avaient choisis. Ce choix était très large et variait en fonction de la situation, des goûts et des capacités financière de la famille.


Le meuble était construit démontable, en parties ajustées par des chevilles. Lorsqu’il y avait plusieurs filles à marier, de même que le nombre de pièces de trousseau devait être égal, les armoires devaient posséder la même qualité de décoration. Il arrivait parfois que les armoires de plusieurs sœurs soient identiques.

Les parents imposent leur préférence dans le décor selon une palette de poncifs que se doit d’avoir tout bon artisan. Corniche en « chapeau de gendarme » ou corniche rectiligne tout est question de pays.

Les symboles de l’amour, de la famille, de la fécondité vont être un peu partout représentés à travers une débauche de sculptures. Tout est extrêmement codifié.

La promenade de l’armoire

Ce rituel trouvait son apogée avec la fête de l’armoire, qui se déroulait la veille du mariage et était prétexte à réjouissances pour tous. Un musicien (un violoneux) était convié le matin au domicile de la jeune fiancée pour accompagner le cortège. On plaçait l’armoire sur un banneau ou une grande charrette tirée par des chevaux ou des bœufs et décorée de rubans. On chargeait aussi le trousseau, un dévidoir, derrière se tenaient la jeune fille et son père.

Arrivés devant la porte du futur domicile conjugal, il fallait parlementer longuement pour faire accepter l’armoire. Celle-ci installée, chacun participait à une abondante collation.

Tout au long de la vie conjugale, l’armoire continuait à remplir son rôle symbolique : elle était placée dans la plus belle chambre et, seule, la maîtresse de maison détenait la clé. Elle contenait non seulement le trousseau mais aussi les bijoux (la croix normande, les agrafes), les économies du ménage ainsi que les papiers importants comme les titres de propriétés.

L’armoire se transmettait de mère à fille et de grand-mère à petite fille.

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