La seigneurie et le village de Mortemart en Haute-Vienne se sont développés autour de l’ancienne motte féodale puis du château de pierre construit en 995 par le seigneur de Mortemart, Abon Drut.

Le château est détruit au XIV^e siècle par les Anglais. Il est reconstruit sur un site différent, puis démantelé sur ordre de Louis XIII. Il est resté en ruine jusqu’au début du XX^e siècle.

En 1330, le cardinal Pierre Gauvain, natif du village, change totalement le visage de Mortemart. Il fonde trois monastères : les Augustins, les Carmes et les Chartreux, un hôtel-Dieu et un collège. De nos jours, les religieux sont partis mais les bâtiments ont survécu, ainsi que les maisons anciennes qui font le charme de ce village. L’ancienne chapelle du couvent des Augustins est devenue église paroissiale et renferme de nombreuses curiosités.

Ainsi, on trouve de magnifiques stalles en chêne du XV^e siècle qui comportent sous les sièges des « miséricordes » sculptées (représentant des animaux, des démons et des vices, des métiers).

Parmi ces petites miséricordes, une particulièrement attire l’attention : il s‘agit d’un lièvre jouant de la cornemuse. L’animal, associé à un instrument de musique, symbolise l’ouïe, qualité essentielle d’un bon musicien. Mais, le privilège du lièvre à se déplacer furtivement dans l’obscurité, de disparaitre dans l’ombre de la nuit l’ont fait considérer comme un animal maléfique. Déjà dans l’ancien testament le lièvre était considéré comme impur et il était interdit d’en consommer la chair.

En réunissant un animal familier et un instrument de musique banal, quoique l’un et l’autre parfois accusés d’appartenir à un univers démoniaque (celui des sorciers, de la nuit), le sculpteur anonyme de Mortemart aurait-il voulu lancer un avertissement aux religieux Augustins du couvent, les prévenir discrètement du danger constant guettant chaque âme de ce monde ? L’histoire ne le dit pas ouvertement, mais rien n’empêche de le penser.