La musique en Berry
Article mis en ligne le 23 octobre 2017
dernière modification le 16 mai 2023

par Yannick
Noter cet article :
0 vote

Laurian Touraine la définit ainsi :
« En général, elle est lente et douce, avec des intervalles peu étendus, rarement guillerette et sautillante, jamais tourmentée de violentes passions : c’est de la musique en demi-teinte. Il existe une harmonie entre ses thèmes mélodiques, ses rythmes et le caractère spécifique du pays et du paysan berrichons. Nos airs sont à l’image de nos horizons, calmes et « gris-doux » souvent nostalgiques. On y découvre aimablement mêlées de la sagesse, de la mesure, de la finesse, de la tendresse. ».

Dans CONSUELO, George Sand nous explique :
« Il y a une musique qu’on pourrait appeler naturelle parce qu’elle n’est point le produit de la science et de la réflexion, mais celui d’une inspiration qui a échappé à la rigueur des règles et des conventions : c’est la musique populaire ; C’est celle de nos paysans ».



L’ORCHESTRE BERRICHON : VIELLES ET CORNEMUSES

Citation de George Sand dans Le meunier d’Angibault :
« Cette forte vibration de la musette quoique rauque et nasillarde, ce grincement aigu et ce staccato nerveux de la vielle sont faits l’un pour l’autre et se corrigent mutuellement. »

L’ensemble de musique traditionnelle de Berry est modeste et conçu simplement pour faire danser, ou rythmer allègrement la marche d’un cortège de noces ; très exceptionnellement pour accompagner une chanson ou un chœur.
A l’exclusion de tout autre instrument, il est composé de vielles et de cornemuses.
Dans les annales de la musique rustique du Berry, il existe des maîtres et des duos célèbres : LES FRERES GUILLEMAIN
Lucien le maître-cornemuseux (1868-1966) et Gaston (1877-1966) du Châtelet-en-Berry, un des plus fameux (sinon le plus fameux) maître-vielleux du « Cœur de la France.

LA VIELLE

Citons pour mémoire, les légendaires aïeux de La Châtre, vivant au siècle dernier Cadet AUSSAGE (dit CADET MUSETTE) et Vincent MILLER son compère vielleux.

Beau doux Seigneur, j’ai tant viellé
A tant pleuré ma chifonie
Que point ménestrel plus zélé,
Ne viella dans ta baronnie.
Mais sans un sou m’en suis allé,
Beau doux Seigneur… c’est vilénie.
Colin MUSET

Si l’on en croit ce gentil poète, la vielle existait déjà au moyen âge, et, pas mieux que de nos jours, elle ne nourrissait son homme. Les vielles de nos « maîtres-sonneurs du Berry » datent en général de la fin 19e ou du début du 20e siècle. Elles sont signées des luthiers du Bourbonnais : PAJOT, TIXIER, PIMPARD ou NIGOUT.

De rares ateliers de facteurs de vielles subsistent en Berry : ceux de Marcel SOING de La Châtre, de Daniel SINIER de RIDDER à Saint-Chartier, de A. GORGEON à Châteauroux, de M. BILLARD.

Chaque année pour le week-end du 14 juillet les « rencontres internationales de Saint-Chartier » permettent le rassemblement de tous les luthiers et maîtres-sonneurs du monde.

La province du Berry verra s’épanouir de remarquables vielleux qui émailleront de leur talent et de leur virtuosité instrumentale noces et fêtes villageoises.
Nous citerons entre autres : Gilbert MALOCHET, Jules AUBOUET, et surtout Gaston GUILLEMAIN (1868-1966) immortalisé par un mémorial élevé en son honneur en 1972 au Châtelet-en-Berry.

LA CORNEMUSE OU « MUSETTE DU BERRY »

Au Moyen-Age la cornemuse devait être très populaire en Berry si l’on en croit les très nombreuses sculptures sur les poutres et corbeaux des maisons gothiques à Bourges notamment. L’usage de cet instrument a dû se répandre en Berry au cours du 17e siècle.
Assemblées, foires, noces, pèlerinages, à la « Gerbiaude » comme à l’élévation de la messe, la cornemuse était de toutes les réjouissances.

Qui fabriquait ces instruments de buis, de prunier ou plus tard d’ébène ?
Des artisans de petites villes, mettant tout leur savoir-faire dans le délicat percement du hautbois, et aussi des maîtres-cornemuseux comme Georges CHARBONNIER de Nohant-Vic. Puis la relève assurée par Pierre CHABENAT de la Châtre.

Après la guerre de 1870, la musique de cornemuse se mourrait en Berry comme dans les autres provinces. C’est à cette époque que le sculpteur et régionaliste Jean BAFFIER de Sancoins rassemble les derniers « Sonneurs » du Haut-Berry ; ils rejoignent en Bas-Berry ceux d’Edmond AUGRAS (Les Gâs du Berry) sauvegardant et perpétuant jusqu’à NOUS une tradition encore vivante.

Parmi les joueurs prestigieux de cornemuse, citons Lucien GUILLEMAIN (1868-1966).
Auteur d’une méthode de cornemuse, maître-sonneur remarquablement doué, il a formé de nombreux cornemuseux.
Mick BAUDINAT (maître-cornemuseux des Thiaulins de Lignières, et folkloriste) affirme chaleureusement que « jouer de la cornemuse, c’est faire vibrer à la fois, l’anche, les doigts et l’esprit … à vous soulever le cœur !... »

Depuis le 18e siècle, vielles et cornemuses, instruments rustiques par excellence s’accordent parfaitement et semblent traduire fidèlement l’âme berrichonne, puisque leur renouveau loin de les séparer, les a au contraire confortés dans leur union.

G. CLÉMENT
Union Berrichonne du Loiret

qrcode:https://maisondesprovinces.fr/spip.php?article98

Recommander cette page





Dans la même rubrique

L’assemblée du Berry
le 2 mars 2024
par Eric
La truffe en Berry
le 2 août 2023
par Eric
Berry, assemblée générale 2023
le 9 janvier 2023
par Eric
Heureux souvenirs
le 29 août 2022
par Yannick
Le Berry en assemblée
le 30 janvier 2022
par Eric